Nous souhaitons alerter l’opinion publique et les médias sur les conditions désespérantes et inégalitaires qui sont prévues pour les premiers étudiants en santé post-réforme. Cette réforme prévue par la loi du 24 juillet 2019 relative à l’organisation du système de santé devait abaisser le taux d’échec en augmentant le numerus pour les primants, diversifier les profils des étudiants et améliorer leur réorientation. Ainsi, la Paces (première année commune aux études de santé) a été remplacée par le Pass (parcours d’accès spécifique santé) et la LAS (licence accès santé).
Cependant tout le contraire est en train de se produire. En effet, cette année les étudiants Pass ont l’obligation de suivre un double cursus, avec une majeure de santé, qui correspond peu ou prou à l’ancien programme des Paces allégé, et une mineure d’une autre licence comme droit, éco, etc. En cas d’échec au concours, ils ont interdiction de redoubler. La seule façon pour eux de se représenter au concours (uniquement s’ils ont validé leur double cursus) est de se réorienter en deuxième année de la licence de leur mineure (passer du Pass à la LAS, donc) et retenter le concours en LAS2 ou LAS3. Et s’ils n’ont pas validé leur double cursus, ils devront se réorienter via le fameux logiciel Parcoursup et changer complètement de voie.
«Ce taux de réussite est même annoncé à moins de 10% (donc plus de 90% d’échec) dans certaines universités».
Au mieux, le ministère de l’Enseignement supérieur garantit un taux de réussite pour les primants Pass de cette année identique à celui constaté avant la réforme (soit environ 20% et donc 80 % d’échec). Ce taux de réussite est même annoncé à moins de 10% (donc plus de 90% d’échec) dans certaines universités.
Un numerus à partager entre étudiants Pass et Paces
Pourtant, cette réforme devait mettre un terme au fameux numerus clausus et permettre une augmentation de capacité d’accueil des étudiants en deuxième année. Or cette année, les étudiants Pass et LAS doivent partager ladite capacité d’accueil avec les derniers redoublants Paces. Le tout, sans que la capacité d’accueil n’ait significativement augmenté dans la majorité des universités. Même s’ils sont brillants, les étudiants Pass n’auront alors pas accès aux places réservées aux redoublants Paces. C’est alors pire que ce que le dispositif Paces proposait avant la réforme.
«Nous demandons que le dispositif en cas d’échec au concours soit revu»Le collectif national Pass/LAS
Le dossier législatif de la loi du 24 juillet 2019 avait anticipé cette problématique pour cette année exceptionnelle de transition: «Une part d’augmentation pour cette seule année du nombre d’étudiants admis en deuxième année sera spécifiquement dédiée à la gestion de ces redoublants, afin de ne pas créer d’inégalités au détriment des étudiants primants, qui commenceront leur cursus à la rentrée universitaire 2020» et des moyens financiers spécifiques devaient être alloués.
La libération des fonds prévus par la loi est-elle réservée uniquement aux facultés parisiennes?
D’ailleurs, les facultés qui ont expérimenté la réforme avant l’heure (principalement parisiennes) ont vu leur capacité d’accueil augmenter en moyenne de 33% pour leur année de transition entre les deux systèmes. Une hausse exceptionnelle de 47% du numerus a été accordée à la Sorbonne en 2019 pour leur année de transition alors qu’il ne s’agit pas d’une université située dans un désert médical. La libération des fonds prévus par la loi est-elle réservée uniquement aux facultés parisiennes? Est-il équitable de tester une réforme à Paris en donnant d’importants moyens financiers pour augmenter la capacité d’accueil en deuxième année puis de demander l’application de cette même réforme en province sans donner des moyens identiques?
Augmenter la capacité d’accueil d’un tiers
Nous demandons donc le déblocage des fonds prévus par la loi pour qu’une augmentation de 33% de la capacité d’accueil en deuxième année des formations en santé soit mise en œuvre dans toutes les universités de France qui appliquent pour la première fois la réforme cette année. Les étudiants Pass/LAS préparent un concours extrêmement difficile et un double cursus dans des conditions particulièrement angoissantes liées à la pandémie du Covid-19.
Ils ne peuvent pas assister aux cours en présentiel et ont subi un confinement et plusieurs couvre-feux qui les condamnent à étudier de manière isolée. C’est pourquoi nous demandons que le dispositif en cas d’échec au concours soit revu, afin que tous les étudiants qui échoueront au concours aient accès à une véritable seconde chance en tout point, comparable à celle des anciens redoublants Paces.
Source : etudiant.lefigaro