Des points bonus pourraient être accordés aux élèves de prépa dont les parents n’ont pas fait d’études supérieures.
Le recrutement des grandes écoles pourrait être modifié afin d’y introduire un peu plus de mixité sociale… Les étudiants boursiers candidats aux grandes écoles pourraient obtenir des «points de bonification», une mesure étendue à ceux dont les parents ne sont pas diplômés de l’enseignement supérieur. Une manière de ne pas favoriser uniquement les boursiers à taux zéro bis, qui sont les plus aisés parmi les boursiers. Et dont le profil sociologique se rapproche souvent des classes moyennes. C’est une des propositions de Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance publique, qui vient de remettre à la ministre Frédérique Vidal le rapport du Comité stratégique «Diversité sociale et territoriale dans l’enseignement supérieur».
Martin Hirsch entend aussi rehausser l’attractivité de l’ensemble des prépas, alors que seule une dizaine d’entre elles, quasi exclusivement à Paris, permettent d’intégrer les meilleures écoles de commerce et d’ingénieurs. Tous les élèves d’une même classe ou d’un même établissement auraient des points supplémentaires au concours, à partir du moment où ils viennent d’une prépa qui compte plus de boursiers que la moyenne. Ils recevraient un avantage conséquent si leur classe prépa reçoit, par exemple, 40 à 50% de boursiers…
L’idée va à l’encontre de la concentration d’un même type d’élèves dans certaines classes, un phénomène classique des classes préparatoires qui recherchent une homogénéité, cette dernière procurant un avantage aux élèves lors de la préparation du concours.
Si cette mesure provoque un effet «passager clandestin», «cet effet peut être en réalité plus positif que négatif, en conduisant des élèves, pouvant être admis dans une des classes préparatoires qui aujourd’hui intègrent le plus, à choisir une classe préparatoire moins prestigieuse», assure Martin Hirsch. Ce dispositif peut être un élément de rééquilibrage vers les classes préparatoires de province, estime ainsi le rapport. Des classes qui peinent parfois à remplir leurs classes…
Des membres du comité dubitatifs
Reste que cette idée de bonification «collective» et non pas individuelle ne fait pas l’unanimité. Certes Martin Hirsch insiste sur le fait que l’idée est «portée par le directeur d’HEC lui-même». Mais force est de constater que certains membres du comité y sont «opposés, ou sont dubitatifs, comme la Conférence des grandes écoles (CGE)», note le rapport. Ceux qui y voient une «piste très prometteuse», ce sont les représentants de la Conférence des présidents d’université (CPU), nettement moins concernés par le sujet. Le débat reste donc entier. Et en l’absence de coercition risque de faire, pour l’essentiel, du surplace…Même si le ministère de l’enseignement supérieur insiste sur le fait que les écoles «peuvent s’en emparer».
Davantage de CPES plébiscitées par les bacheliers
Plus concrètement, le rapport propose de développer à l’instar du Cycle pluridisciplinaire d’études supérieures (CPES) proposé par le lycée Henri IV et Paris Sciences et lettres (PSL), des cursus mixtes et des initiatives communes entre classes préparatoires, grandes écoles et universités dès septembre prochain. Cette CPES très demandée par les bacheliers, a retenu un niveau de 50% de boursiers de l’enseignement supérieur, «qui devrait s’imposer à toutes les réplications» insiste le rapport. Le ministère a annoncé que quatre classes de ce type ouvriront dès septembre, notamment dans les universités de Bordeaux et de Strasbourg. Une «réplication» qui reste pour l’instant encore timide. Parce que le budget d’un étudiant dans une telle structure coût infiniment plus cher à la collectivité que celui d’une place à l’université…
Source : etudiant.lefigaro