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France / Les études pour devenir vétérinaire en pleine réforme

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En 2021, les bacheliers pourront intégrer la formation directement après le bac. Et une loi ouvre la formation au secteur privé.

«J’ai grandi dans l’Allier, entouré d’amis, de cousins, de voisins qui possèdent des vaches ou des moutons. J’ai toujours vécu avec des animaux de compagnie, des chiens surtout». Du rêve à la réalité, Louis a réussi l’exploit d’intégrer l’EnvA (École nationale vétérinaire d’Alfort), l’un des quatre établissements français qui prépare au métier de vétérinaire (Maisons-Alfort, Nantes, Lyon et Toulouse). Des établissements publics ultra sélectifs aujourd’hui accessibles après deux ans de prépa agro-veto, appelée BCPST (Biologie, Chimie, Physique, Sciences de la Terre). Mais la formation des vétérinaires est en train de changer.

Premier changement majeur, en 2021, une voie d’accès complémentaire post- bac sera ouverte sur Parcoursup. Ce qui permettrait de raccourcir la durée des études, huit ans aujourd’hui, parmi les les plus longues d’Europe.

Ensuite, l’Assemblée nationale vient d’entériner la possibilité pour des écoles privées de former les futurs vétérinaires. UniLaSalle, un pôle d’enseignement supérieur privé spécialisé dans l’agroalimentaire et l’agriculture, créé par les Frères des écoles chrétiennes, devrait ouvrir une école à Rouen à la rentrée 2022. Les frais de scolarité s’élèveront à 15 000 euros par an.

Les jeunes vétérinaires boudent «la rurale»

Autant de changements décidés afin de rendre la formation de vétérinaire plus adaptée aux besoins du pays. En effet, aujourd’hui elle attire surtout des étudiants issus de milieux favorisés et de grande métropole qui boudent la «rurale» (la médecine des animaux d’élevage), à laquelle la majorité préfère la médecine des animaux de compagnie. Aujourd’hui, «dans certaines zones, le vétérinaire le plus proche d’un éleveur se situe parfois à 40 ou 50 kilomètres. C’est un problème», déclare Marc Veilly, secrétaire général du Conseil national de l’ordre des vétérinaires. Pendant ce temps, «des élèves de terminale, qui ont de bons résultats, n’osent pas toujours s’engager dans un cursus généraliste de classe préparatoire et s’autocensurent».

Depuis 2012, 47% des praticiens français ont suivi une formation à l’étranger

Ensuite, les écoles françaises ne suffisent pas à couvrir les besoins vétérinaires du pays. Si le nombre d’étudiants accueillis dans les quatre écoles vétérinaires a augmenté de 35 % depuis 2012, 47% des praticiens français ont suivi une formation à l’étranger, en Belgique et en Roumanie pour la majorité. «Des universités roumaines ou espagnoles ont monté des filières en langue française. L’objectif est de relocaliser en France une activité qu’on a laissée partir à l’étranger», avance Philippe Choquet, le directeur général d’UniLaSalle.

Une sélection sur Parcoursup

Quel sera l’impact de la réforme en 2021? Sur les 640 places disponibles dans les quatre écoles vétérinaires, 160 seront désormais réservées aux étudiants rentrés via Parcoursup, soit 40 par école. Et 480 étudiants continueront à être recrutés par le concours A (post classe préparatoire), le concours B (après 120 ECTS acquis dans un diplôme de licence) et le concours C (après un BTS/BTSA/DUT ou une licence professionnelle).Les étudiants seront d’abord sélectionnés sur leurs notes et les fiches Avenir. Ensuite, les admissibles iront aux oraux destinés à évaluer leurs capacités de raisonnement et d’argumentation.

« On ne veut pas d’un entretien de motivation classique, avec des réponses téléguidées»Henry Chateau, directeur des formations de l’EnvA.

«De courtes épreuves de logique, de calcul ou d’habileté manuelle lors d’entretiens qui permettront de cerner la personnalité et la motivation du candidat», résume Marc Veilly. Concrètement, les élèves enteront par groupe de sept dans une salle pour participer à sept «ateliers». Ils changeront d’examinateur toutes les dix minutes. «On ne veut pas d’un entretien de motivation classique, avec des réponses téléguidées qui ne reflètent pas forcément la personnalité du candidat», explique Henry Chateau, directeur des formations de l’EnvA.

Miser sur le trio maths, physique, biologie au lycée

Les néo-bacheliers suivront une année de cycle préparatoire intégré d’un an dispensée dans les écoles vétérinaires, la PACEV, première année commune aux études vétérinaires, avant de rejoindre les autres étudiants dès la deuxième année. Ces établissements sont en quête de candidats possédant de solides capacités d’apprentissage en mathématiques, physique ou biologie. Pour mettre toutes les chances de son côté, il est fortement conseillé d’opter au lycée pour ce trio qui reconstitue le bac S. «Les candidats qui n’auront pas choisi ces spécialités auront peut-être un peu plus de difficultés durant les premières années du cursus», explique Henry Chateau.

«À la télévision, on voit beaucoup de vétérinaires œuvrant dans les zoos mais en réalité il y a très peu d’embauches dans ces structures » Henri Chateau

La maturité du projet professionnel compte aussi. Les étudiants ont parfois des idées préconçues sur le métier. «À la télévision, on voit beaucoup de vétérinaires œuvrant dans les zoos mais en réalité il y a très peu d’embauches dans ces structures». Loin des zoos, le métier peut aussi s’exercer dans l’industrie pour la fabrication d’aliments et de médicaments pour animaux, dans la recherche biomédicale… «Le métier ne consiste pas seulement à soigner des animaux. On peut aussi exercer les activités de contrôle des denrées alimentaires ou des abattoirs», poursuit Henri Chateau.

L’hôpital, premier lieu d’apprentissage

Tout au long du cursus, les étudiants pratiquent au sein de centres hospitaliers vétérinaires. «Ces hôpitaux constituent le premier lieu d’apprentissage. Au moins deux années du cursus sont concentrées sur cette immersion clinique», précise Henri Château. Ce qui n’empêche les stages dans des cabinets vétérinaires, les labos de recherche, les services d’hygiène… Louis n’est pas près d’oublier un stage en Irlande qui a confirmé son attrait pour la médecine et la chirurgie des animaux. L’étudiant a alors assisté à l’ablation d’une tumeur. Il a été subjugué par la précision du geste chirurgical, «mesuré, millimétré, technique. Le chien a été sauvé, raconte-t-il. L’intervention a demandé une connaissance de l’être animal qui m’a scotché». L’attrait pour ces études n’est pas près de faiblir.

Source : etudiant.lefigaro

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