L’école française vit-elle dans « l’obsession de l’inclusion » ? Le 14 janvier, Eric Zemmour provoquait un tollé avec ses propos sur les enfants en situation de handicap. Tout en essayant de distinguer les handicapés « légers » des autres, le candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle a réclamé « des établissements spécialisés qui s’en occupent ». De nombreuses personnalités politiques ont réagi, dont le président de la République, Emmanuel Macron, et la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel. Les propos d’Eric Zemmour ont également frappé la communauté éducative, qui s’évertue, au contraire, à faire exister le principe d’obligation de scolarisation des enfants handicapés, inscrit dans la loi depuis 2005.
Aujourd’hui, 384 000 élèves en situation de handicap sont scolarisés dans les établissements scolaires, en hausse de 20 % depuis 2017. Parmi eux, 113 000 enfants et adolescents bénéficient des dispositifs ULIS, pour unités localisées d’inclusion scolaire. Des classes dans lesquelles ils se retrouvent entre eux quand ils ne sont pas, sur un temps plus ou moins long selon leurs difficultés, dans la classe ordinaire. Le nombre d’enfants en ULIS est, lui aussi, en progression ; 1 300 sections ont ouvert depuis 2017.
Une augmentation forte du nombre d’enfants scolarisés, alors que le handicap a été défini dès 2017 comme « priorité » du quinquennat Macron. Mais qui s’explique aussi par l’élargissement du champ du handicap depuis 2005 et l’amélioration des diagnostics, qui conduisent à reconnaître plus d’enfants « dys » (dyslexie, dyscalculie, dysorthographie…), à haut potentiel ou porteurs de troubles de l’attention.
A ces enfants qui ont accès – y compris de manière aménagée – à l’école « ordinaire », s’ajoutent 70 000 autres pris en charge dans des instituts médico-éducatifs (IME), dont 10 000 disposent de classes prêtées par les écoles et établissements et peuvent se mêler aux élèves sur les temps périscolaires. La hausse des prises en charge d’enfants en situation de handicap à l’école se double d’un effort budgétaire de 3,3 milliards d’euros supplémentaires depuis 2017.
Une partie de cette somme a financé le recrutement massif d’accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), clé de voûte du dispositif d’inclusion. Ils sont désormais 125 000, « soit une augmentation de 35 % depuis 2017 », précise au Monde la secrétaire d’Etat Sophie Cluzel, qui ajoute que tous ces agents sont désormais en contrat avec l’éducation nationale – les anciens contrats aidés, particulièrement précaires, ont disparu.
Source : lemonde.fr