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France / Frédérique Vidal : «Cette année, les départs d’étudiants à l’étranger ont baissé de 20%»
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4 ans depuissur
Certains établissements étrangers ne permettent pas aux étudiants de suivre les cours en présentiel, précise la ministre de l’Enseignement supérieur.
Ce matin, au ministère de l’Enseignement supérieur, après plus d’une heure d’échange avec des étudiants Erasmus des universités de Cergy-Pontoise et d’Evry, Frédérique Vidal a livré au Figaro les premiers chiffres du programme Erasmus pour la nouvelle année universitaire. La ministre de l’Enseignement supérieur a également évoqué les mesures mises en place pour assurer la sécurité des étudiants français à l’étranger ainsi que l’arrivée des jeunes internationaux dans les établissements hexagonaux.
LE FIGARO. – Les étudiants français qui partent en Erasmus sont-ils beaucoup moins nombreux que les années précédentes?
Frédérique Vidal. – Sur 2019-2020, on a constaté une baisse de 18% de la mobilité sortante dans l’enseignement supérieur, principalement due au confinement qui a empêché les étudiants du second semestre de poursuivre le programme Erasmus (baisse de 51 314 à 42 077). Les inscriptions Erasmus + en 2020-2021, quant à elles, demeurent stables. Nous constatons néanmoins une baisse de 20% des départs d’étudiants à l’étranger: certains établissements internationaux étant fermés, les cours se font à distance. Inutile donc de se rendre dans le pays en question pour rester confiné dans son petit studio. Les chiffres définitifs de la mobilité physique au 1er semestre 2020-2021 seront publiés en 2021 par les services statistiques de la Commission.
C’est très compliqué car les situations sanitaires varient en fonction des pays. Mais nous avons considéré que les étudiants faisaient partie des publics prioritaires pour la mobilité et l’obtention des visas. Et nous les encourageons à se déplacer chaque fois que c’est possible. Les mesures d’accompagnement et de prise en charge en cas de quatorzaine, de retour, d’annulation, et la possibilité de report du séjour au 2ème semestre les rassurent.
Quelles mesures sont mises en place pour assurer leur sécurité à l’étranger?
Dès le début de la crise sanitaire, le ministère a rappelé aux établissements que les étudiants devaient s’inscrire sur le site Ariane du ministère de l’Europe et des affaires étrangères afin de recevoir les sms d’urgence des postes diplomatiques de leur lieu de résidence. En outre, il a été conseillé aux établissements de garder un lien en temps réel avec les étudiants de façon à pouvoir les contacter rapidement en cas de nécessité. Certaines écoles, par exemple, ont développé des applications pour assurer ce suivi.
En cas de problème, un rapatriement peut être organisé. C’est d’ailleurs ce qui a été fait au début de la pandémie pendant la période du printemps.
«Les étudiants internationaux peuvent rejoindre le territoire français, quel que soit leur pays d’origine depuis le 15 août»Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur
Y a-t-il des destinations vers lesquelles les étudiants n’iront pas cette année?
L’évolution de la crise sanitaire induira sans doute des fermetures d’établissements, voire le refus par certains établissements de recevoir des étudiants français. Ce sont des facteurs que nous ne pouvons pas connaître à l’avance (cf. site Ariane pour être informé en temps réel). Les étudiants pourront faire des mobilités virtuelles, même si, évidemment, le bénéfice retiré de ces mobilités ne sera pas le même compte tenu de l’absence d’immersion dans un pays étranger. Néanmoins, le concept de e-mobilités est à l’étude pour les mois et les années à venir dans les établissements comme au niveau européen.
Recommandez-vous aux étudiants de partir cette année ou plutôt d’attendre?
Malheureusement, il faut s’attendre à vivre encore quelque temps avec ce virus. Si le contexte local le permet, j’encourage vivement les étudiants à continuer à voyager dans le cadre d’Erasmus, autant que possible.
Ils doivent le faire de la manière la plus sécurisée possible: en lien avec leur établissement de départ, en étant sûrs que leur établissement d’arrivée peut les accueillir. Le risque sanitaire est finalement sensiblement le même en France qu’en Allemagne ou l’Espagne. Je déconseille en revanche aux étudiants de partir dans des pays plus compliqués comme l’Inde.
Ce que montre notre jeunesse, c’est qu’elle a pris conscience qu’elle allait devoir vivre avec le coronavirus. C’est très dur quand on a 20 ans de tout s’interdire dans cette période.
Quels sont les premiers retours que vous avez d’étudiants en mobilité à l’étranger?
C’est compliqué pour eux. La plupart disent que le principal est de pouvoir aller en cours, le présentiel est important pour eux. C’est aussi la vie sociale dans l’université qui les intéresse. Pour certains, il n’y a pas du tout de cours en présentiel. Dans ces cas-là, nous leur conseillons de ne pas prendre de risque psychologique liés à l’isolement. Ils peuvent rentrer et continuer à bénéficier des cours à distance, même si ce n’est pas ce à quoi ils aspiraient. Nous enregistrons aussi quelques retours des États-Unis: comme beaucoup d’universités américaines sont à distance, certains jeunes français n’ont pu obtenir le statut d’étudiant et sont donc contraints de rentrer en France.
«Le nombre de visas délivrés était de + 50 000 au 7 octobre 2020, soit une baisse de près de 30% par rapport à l’année dernière»Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur
Beaucoup d’universités françaises attendent encore leurs étudiants, qui ne peuvent pour l’instant pas rejoindre le territoire français. Quand la situation va-t-elle être débloquée?
Les étudiants internationaux peuvent rejoindre le territoire français, quel que soit leur pays d’origine depuis le 15 août. La grande majorité de ceux qui ont fait une demande de visas l’ont maintenant obtenu (+50 000 au 7 octobre 2020) et sont arrivés en France. Les retardataires, que la plupart des établissements d’enseignement supérieur français acceptent encore d’accueillir jusqu’au 15 octobre, sont généralement des étudiants qui ont déposé tardivement leur demande de visas pour des raisons liées à la situation sanitaire dans leur pays et parfois au décalage d’examens dans leur pays également. Le manque de disponibilité des transports aériens a aussi été un élément limitant.
Que doivent faire les étudiants étrangers avant d’arriver en France? Doivent-ils tous faire des tests PCR par exemple?
Il est recommandé à tous les étudiants internationaux de faire un test avant leur arrivée mais en dehors des étudiants européens et de ceux provenant des pays dits en zone verte (peu de circulation du virus) qui ne sont pas tenus de faire des tests, le dispositif sanitaire applicable aux étudiants internationaux venant en France est adapté en fonction de leur pays d’origine en trois catégories:
– catégorie 1: test obligatoire pour embarquer (ne concerne que 4 pays à ce jour: Bahrein, EAU, USA, Panama)
– catégorie 2: test à l’arrivée en aéroport
– catégorie 3: se mettre en isolement volontaire et faire un test au plus vite (cf. site de Campus France).
À combien estimez-vous le nombre d’étudiants qui n’ont pas encore réussi à rejoindre l’Hexagone?
Les demandes de visas continuent à arriver. Le nombre de visas délivrés était de + 50 000 au 7 octobre 2020, soit une baisse de près de 30% par rapport à l’année dernière. Le chiffre devrait se stabiliser autour de 60 000, c’est-à-dire d’une baisse de 20% d’ici la fin du mois. Les établissements indiquent dans l’ensemble une arrivée continue des étudiants internationaux, dont une partie suit les cours en ligne en attendant leur arrivée effective. Les Crous indiquent pour leur part un taux d’occupation des chambres comparable à celui de l’année dernière, même si s’y ajoutent certains étudiants internationaux qui ont fait le choix de ne pas rentrer chez eux cet été.
Cela occasionnera-t-il un manque à gagner pour les universités françaises?
Le premier manque à gagner n’est pas d’ordre financier. Les étudiants internationaux qui arrivent aujourd’hui sont aussi les chercheurs de demain. Les bénéfices de la présence d’étudiants internationaux dans les établissements français, y compris bien sûr pour les étudiants français, ne sont plus à prouver. C’est ce qui a conduit la France à proposer à ses partenaires européens de considérer les étudiants internationaux comme un public ayant une fonction essentielle et pouvant à ce titre bénéficier d’une dérogation à la fermeture des frontières.
Où en sont les négociations avec la Grande Bretagne concernant Erasmus? Les Français pourront-ils continuer à aller en Erasmus au RU? Et concernant l’accueil des étudiants britanniques?
Sortir de l’Europe est un choix souverain. Les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne sur leurs relations futures sont actuellement en cours. Si les négociations aboutissent, elles permettront la conclusion et la ratification d’un accord sur la relation future applicable au 1er janvier 2021. Seulement dans le cas où un accord sur la relation future est conclu, le Royaume-Uni pourrait devenir un «pays du programme» Erasmus+ 2021-2027 s’il le souhaite. Les conditions de la participation (notamment la contribution financière du Royaume-Uni) doivent faire l’objet d’un accord supplémentaire. Si le Royaume-Uni devient finalement un «pays du programme», les Français pourront continuer à aller en Erasmus+ au Royaume-Uni et les étudiants britanniques pourront être accueillis en France. Dans le cas contraire, il restera toujours possible de faire des mobilités encadrées entre les deux pays si les établissements français et britanniques disposent d’un partenariat, sans être accompagné par une bourse Erasmus+, mais éventuellement d’autres dispositifs.
Source : etudiant.lefigaro
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