Aérer toutes les heures. Les consignes sanitaires du ministère de l’éducation nationale font sourire Alain Talleu. Ce professeur des écoles à Bailleul, dans le Nord, aimerait pouvoir les respecter mais se heurte à la manière dont son école, construite dans les années 1930, a été rénovée. Un faux plafond a été ajouté dans sa salle de classe et bloque les fenêtres. L’enseignant doit monter sur une chaise à chaque fois qu’il veut les ouvrir de quelques centimètres en oscillo-battant. Autre solution pour lui : ouvrir les portes, mais l’une donne sur un couloir et l’autre sur le bureau du directeur. « Cette configuration ne suffit pas à aérer correctement la classe », estime Alain Talleu, également représentant du SNUipp-FSU dans son département. Les contaminations de ses élèves – sa classe a fermé trois fois en 2021 – ne sont-elles pas dues à ce manque d’aération ?

Tous les enseignants ne rencontrent pas de telles difficultés pour aérer leur salle de classe mais la ventilation fait figure de parent pauvre de la lutte contre le Covid-19, alors même que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de rappeler, par la voix de son directeur Europe, Hans Kluge, qu’elle fait partie, avec les masques et des tests « réguliers », des éléments qui devraient « être la norme » afin de « protéger les écoles ».

Le gouvernement en porte la responsabilité, pour un collectif de médecin et d’enseignants qui a signé, mardi 7 décembre, une tribune dans Le Monde. Il n’a toujours pas, selon eux, « pris la complète mesure de la prévention dans les écoles d’une transmission virale par aérosol, estiment les signataires, parmi lesquels les membres du collectif Du côté de la science ou les syndicats SNUipp-FSU, SUD-Education ou le SNALC. L’aération doit être privilégiée mais la fréquence d’ouverture des fenêtres ne suffit pas : il faut équiper toutes les salles de classe de détecteurs de CO2 et de purificateurs d’air lorsque l’aération est impossible autrement. »

« Jeu de ping-pong » entre l’Etat et les élus locaux

La prise en compte de cet enjeu pâtit d’un « jeu de ping-pong », selon l’expression d’enseignants et de chefs d’établissement, entre l’Etat et les élus locaux. Les bâtiments et leurs équipements sont à la charge des communes pour les écoles, des départements pour les collèges et des lycées pour les régions. Le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, le rappelle à chaque prise de parole sur les questions d’aération : il s’agit d’une « compétence des collectivités territoriales ». Ces dernières font état du surcoût déjà imposé par la crise sanitaire.

Source : lemonde