« Maîtresse, on est passé au orange ! » A l’école Marcel-Pagnol, à Cannes (Alpes-Maritimes), les enfants guettent le voyant du détecteur de CO2 qui trône dans chaque classe depuis la rentrée. Dès que celui-ci n’est plus au vert, l’élève désigné de la semaine se lève et ouvre la porte ou une fenêtre. « Le côté feu tricolore est très ludique, explique Kévin Basilien, 35 ans, directeur de l’établissement. Les élèves se le sont approprié, et ça rassure tout le monde. Finalement, avec un élément visuel clair, on est plus à l’aise dans une salle de classe que dans un bus ou dans les transports. » Dans la cantine, zone très à risque, des purificateurs d’air ont été installés en plus des capteurs. Résultat : « aucun cas [de Covid-19] depuis septembre », affirme le directeur en touchant du bois.
La mairie cannoise a commandé 500 appareils en juillet, un mois avant que le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, affirme dans le Journal du dimanche vouloir « généraliser » l’installation de capteurs de CO2, qui étaient jusqu’ici simplement recommandés. Ces appareils permettent de mesurer la concentration de dioxyde de carbone dans une pièce, et donc la qualité de l’air respiré. De la taille d’un détecteur de fumée, ces boîtiers fonctionnent comme un thermomètre : à partir d’une concentration de 800 ppm (parties par million) de CO2, un voyant rouge s’allume, signe qu’il est temps d’ouvrir les fenêtres. En extérieur, la concentration de gaz carbonique est de l’ordre de 400 ppm. « Il y a un consensus scientifique pour en équiper les classes car cela permet de mesurer le besoin d’aération », avait reconnu M. Blanquer en août, alors que d’autres pays européens, comme l’Irlande, ont déjà équipé tous leurs établissements scolaires.
« Un sujet partagé »
Dans l’arsenal de la ville de Cannes, trois outils : des capteurs avec des feux tricolores, des capteurs-enregistreurs qui permettent de récolter des données sur un temps plus long, et des bornes de filtration. « Comme on était dans les premiers à commander, c’était facile, on a tout reçu rapidement », explique Karin Topin-Condomitti, directrice générale des services à la mairie. Ainsi, avant la rentrée de septembre, les 230 classes des 32 écoles communales et les dix crèches cannoises ont pu être équipées. Le tout pour une facture municipale avoisinant les 300 000 euros. Le capteur « classique », avec ses voyants lumineux, le plus largement distribué, « permet de faire de la qualité de l’air un sujet partagé, une codécision avec les élèves », assure Karin Topin-Condomitti. Et de moins rechigner à ouvrir la fenêtre, surtout en hiver. Les purificateurs d’airs, eux, de la taille d’un aspirateur et un peu bruyants, servent à filtrer les pièces plus difficiles à aérer, comme les salles de sieste, ou les endroits très à risque comme la cantine.