La méconnaissance de la forme asymptomatique que peut prendre le Coronavirus constitue le principal obstacle des populations à la vaccination, un véritable danger pouvant favoriser sa propagation, a prévenu, mardi 23 novembre 2021, Pr Marcel Yoro Blé, Enseignant-chercheur à l’Institut des Sciences anthropologiques de développement (ISAD) de l’université Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody,
« Les Ivoiriens étaient favorables à 36% pour la vaccination, à la veille de la campagne de vaccination, lancée le 1er mars 2021. Mais aujourd’hui, ils ignorent à 95% la forme asymptomatique de la maladie, ce qui constitue un obstacle à l’acceptation des mesures et leur application pour la lutte contre le Covid », a-t-il expliqué lors d’un « petit-déjeuner de l’innovation » organisé par le Fonds pour la science, la technologie et l’innovation (FONSTI) sur la contribution des chercheurs ivoiriens à la lutte contre la pandémie.
La personne asymptomatique ne présente pas les symptômes, n’est pas malade, mais transmet le virus « ce qui pourrait faire de la Côte d’Ivoire et l’Afrique des réservoirs et des foyers, si ces personnes ne sont pas vaccinées », a-t-il alerté.
Pour Pr Kakou-NGazoa Solange, chercheure à l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire, « beaucoup de travaux de recherche scientifique sont menés, il y a des chercheurs qui travaillent et dont nous attendons les résultats pour les présenter à la communauté scientifique ».
Toutefois, la Côte d’Ivoire fait face à de nombreux défis dont la dépendance envers l’Europe pour le matériel utilisé en laboratoire pour les diagnostics et les travaux de recherche.
En organisant cet atelier, le FONSTI entend attirer l’attention des autorités sur la résurgence de la pandémie en Europe pour que la Côte d’Ivoire ne soit pas surprise par ce qui va arriver, a indiqué le secrétaire général, Dr Sangaré Yaya.
« Depuis que la crise a frappé notre pays, nous avons mis l’accent sur le diagnostic et les aspects cliniques, mais nous savons très peu de choses sur la Covid et les types de coronavirus qui circulent dans le pays, or, dès le début, des pays comme le Ghana ont séquencé les gênes des virus présents sur leurs sols, mais rien n’est fait en Côte d’Ivoire sur la recherche scientifique du Covid et des virus de cette zoonose », a-t-il fait remarquer.
A travers son organisation, Dr Sangaré en appelle à une prise de conscience de toute la communauté pour que l’Etat accorde les moyens aux chercheurs pour produire de la connaissance sur la pandémie, ses variants et les meilleurs moyens pour protéger la population d’autant plus qu’à son avis, « malgré la modicité de nos moyens nous avons les ressources humaines de qualité pour la production de savoirs sur les aspects scientifiques et socio-anthropologiques de la Covid », a-t-il affirmé.
Il s’agira pour les trois animateurs de l’atelier, de trouver des solutions ivoiriennes pour ne pas dépendre de solutions venues d’ailleurs en pensant aux pesanteurs sociologiques (réticences à l’injection intraveineuse, l’amélioration de la qualité des masques et des gels hydroalcooliques) avec une intensification de la campagne de communication, de sensibilisation et de vulgarisation de la nécessité du vaccin et une intensification du combat contre les préjugés et les fausses informations autour de l’efficacité des vaccins.
La Côte d’Ivoire a enregistré, lundi 21 novembre 2021, l’administration de 34 384 doses, soit un total de 4 167 919 doses depuis le 1er mars 2021, selon le ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle.
Le lundi 22 novembre, aucun cas positif n’a été enregistré. Le pays compte un total cumulé de 61 591 cas confirmés, dont 60 574 guéris, 703 décès et 314 actifs sur 1 136 91 échantillons analysés.
Source : AIP