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France / Selon un sondage, le décrochage scolaire atteint un pic au moment des vacances de la Toussaint

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Chaque année, environ 90 000 élèves quittent le système scolaire français. Le phénomène a pris de l’ampleur sur fond de crise sanitaire.

Michel se souvient. Il avait 13 ans: «Un professeur m’a dit que j’étais une merde. Le système scolaire ne me plaisait pas. J’avais une étiquette de mauvais élève, les professeurs ne s’occupaient pas de moi. Alors je ne venais plus, ça ne servait plus à rien.» Michel a 16 ans et rêve de devenir barman. Après avoir lentement décroché entre la fin de sa cinquième et la troisième, il a réintégré le système scolaire au sein des Apprentis d’Auteuil, une fondation catholique fondée en 1866, engagée dans la protection de l’enfance et la réinsertion des jeunes en difficulté.

En 2020-2021, 1,3 million de jeunes étaient en difficulté scolaire

Selon le baromètre de l’éducation OpinionWay pour Apprentis d’Auteuil publié ce jeudi 14 octobre 2021, pour l’année 2020-2021, 17% des 16-25 se déclarent en difficulté scolaire et d’apprentissage. «Le phénomène et massif: chaque année, environ 90 000 jeunes quittent le système scolaire à l’issue d’un processus lent qui les conduit à sortir du système de formation», a exposé André Altmayer, directeur général adjoint des Apprentis d’Auteuil, lors d’une conférence de presse. Cela représente 1,3 million de jeunes. Et 7% d’entre eux se disent en situation de «décrochage» et 4% en «échec». «Ce chiffre est probablement sous-évalué par rapport à la réalité», a insisté Hugues Cazenave, le président de l’institut de sondage.

Un phénomène en hausse

Dans le détail, 44% des jeunes interrogés avouent avoir rencontré des difficultés scolaires. Un chiffre en augmentation de 8 points par rapport au baromètre 2020 d’OpinionWay. Ils sont 55% chez les jeunes considérés en difficultés. Un fait social que confirment les parents. Ils sont 43% à assurer que leurs enfants sont concernés par ce phénomène. Globalement, 62% des jeunes et 61% des parents sondés estiment que l’échec scolaire est un phénomène «en augmentation». Un sondage qui tombe à point nommé, puisque c’est dans les premières semaines qu’on identifie les symptômes du décrochage, généralement aux abords des vacances de la Toussaint.

Pourquoi autant de jeunes décrochent?

L’étude d’OpinionWay arrive au terme de deux années marquées par la crise sanitaire, qui a percuté la vie des jeunes Français. L’institut de sondage révèle que 87% des jeunes trouvent que l’épidémie a eu un impact important sur leurs études. Et 40% estiment cet impact «très important». Et sur leur vie aussi. André Altmayer souligne aussi que le décrochage est un fait systémique, aux conséquences lourdes et durables. «Il faut, pour le percevoir, prendre en compte plusieurs facteurs. À la fois internes à l’établissement (climat, relation avec les professeurs…) et externes (contexte familial, hygiène de vie, addictions…)». Pour les 16-25 ans, le principal facteur évoqué est «le contexte familial compliqué» (69%). C’est l’histoire d’Amandine, qui a décroché en classe de 3 ème, pour qui le divorce de ses parents a été le déclencheur. «Il faut ajouter à ça des professeurs et des parents qui ne sont pas à l’écoute, une mise à l’écart, un manque de sommeil et des addictions, témoigne aujourd’hui l’adolescente de 19 ans qui vient de décrocher un bac pro et d’être embauché dans un prestigieux hôtel parisien. À l’époque, je fuyais mes problèmes, je sortais rejoindre mes amis. Eux, ils m’écoutaient.»

Les jeunes accusent le système scolaire

Le système scolaire est tenu responsable par 68% des jeunes comme cause de leur échec. Il est jugé par de nombreux élèves comme ne tenant pas compte des difficultés d’apprentissage des élèves, ne mettant pas en confiance ces derniers et considéré par 31% d’entre eux comme «trop uniforme et rigide». Suivent la mauvaise hygiène de vie et les mauvaises fréquentations (56%). Ainsi que la violence. 54% des 16-25 ans et 78% des jeunes en difficulté ont déjà vécu «des violences à l’école»: violences verbales et sexuelles, harcèlement moral, sexisme, vols et racket…

Des parents qui baissent les bras

Grâce à ses parents, «très à l’écoute», Michel s’est «raccroché» au système. Une chance, quand le sondage révèle que 29% des parents déclarent avoir «totalement baissé les bras». «Le travail avec la famille est indispensable», a insisté Chantal Delafosse, directrice du collège Nouvelle Chance au Mans, qui accueille depuis 2014 des jeunes en rupture d’école. «Le décrochage n’est pas une fatalité», a conclu André Altmayer.

Enfin, 74% des jeunes interrogés considèrent que les politiques ne les écoutent pas assez et 57% estiment que les enseignants ne font guère mieux. À l’approche de l’élection présidentielle, 79% des 16-25 ans estiment «que la jeunesse devrait constituer la grande cause nationale du prochain quinquennat».

* Les 16-25 ans en difficulté ont été définis comme ceux ayant au moins deux difficultés parmi 14 difficultés répertoriées (difficultés financières pour subvenir aux besoins secondaires, faire partie d’un foyer monoparental, souffrir de dépression, être au chômage depuis plus d’un an…)

Source : etudiant.lefigaro

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