Pour Le Figaro Étudiant, le directeur de l’ESA Business school, Maxence Duault, revient sur l’histoire de la principale école de commerce du Liban à Beyrouth. Une institution intimement liée à la France.
En se promenant sur le campus de l’ESA Business School au Liban, Maxence Duault revient sur l’histoire de ce site. «Pour bien comprendre l’esprit des lieux, il faut connaître le passé du site, explique-t-il. L’ESA se trouve sur le territoire Français. L’école est locataire de ce terrain et des bâtiments, à travers le partenariat intergouvernemental qui a été signé en 1996 entre la France et le Liban pour créer une institution économique au Liban qui soit susceptible d’accompagner le pays dans sa reconstruction, dans son développement économique et dans la création d’emplois. Il ne faut pas oublier qu’en 1996, le Liban sortait de la guerre civile…»
Mais le site est riche d’un passé historique important. «En fait, poursuit-il, tout a commencé avec l’ordre de Saint-Jean. Cette confrérie allemande a fait construire un hôpital gratuit, inauguré en 1866. Après la Première Guerre mondiale, le site devient français et se transforme, après d’importants investissements. L’hôpital Maurice Rottier devient le principal hôpital militaire français de la région. Dès 1941, il devient même l’hôpital principal de la France libre.»
«C’est tout naturellement dès 1943 que l’ancien hôpital, toujours propriété française, devient l’ambassade française jusque dans les années 1980» Le directeur l’ESA Business School au Liban, Maxence Duault
Cette explication nous permet de mieux comprendre les dimensions hors normes de l’escalier du bâtiment principal qui servait donc à transporter les blessés sur des brancards. Notre hôte reprend: «Au moment de l’indépendance libanaise, la France doit établir une ambassade à Beyrouth et c’est tout naturellement dès 1943 que l’ancien hôpital, toujours propriété française, devient l’ambassade française jusque dans les années 1980. À cette époque, en pleine guerre civile, la situation devient très compliquée. L’ambassade se trouve à proximité de la ligne de démarcation entre Beyrouth-Est et Beyrouth-Ouest, la sécurité des lieux est gravement menacée.»
L’école a été créée par Jacques Chirac et Rafic Hariri
Après l’assassinat de l’ambassadeur français Louis Delamare en 1980 et l’attentat à la voiture piégée du 24 mai 1982 sur le site, qui tue 11 personnes, l’ambassade quitte la rue Clemenceau. «Le lieu restera désert jusqu’en 1996 date à laquelle l’ancien président français Jacques Chirac et l’ancien premier ministre assassiné Rafic Hariri, avec l’aide de la Chambre de commerce de Paris et de la Banque du Liban créeront l’École supérieure des affaires de Beyrouth.»
Puisque nous remontons le temps, nous en profitons pour savoir pourquoi la terrasse dominant le campus a été baptisée La Boussole. «Le nom a été choisi par mon prédécesseur et ami Stéphane Attali, disparu le 2 juillet 2019. Il aimait à dire que cette école est comme une boussole, consultée pour orienter les étudiants dans leurs études, qu’ils soient à l’ESA ou qu’ils soient en dehors de l’ESA, au Liban, en Europe ou ailleurs. Au fil des ans, et plus encore aujourd’hui, je suis convaincu de ses mots. L’ESA est bien une boussole pour les Libanais…». Son regard s’éloigne. Un ange passe. Toujours précis, Maxence Duault, ajoute: «La Boussole était le navire commandé par La Pérouse. Et tout comme La Pérouse, la mission de notre école de commerce est aussi la recherche, la découverte, l’exploration.»
Source : etudiant.lefigaro