Cette semaine, les étudiants de dernière année présentaient leurs jeux vidéos à un jury composé de professionnels.
«C’est inspirant de voir ce dont sont capables les étudiants en l’espace d’une année.» C’est une première pour le youtubeur Cyprien. Les mercredi 23 et jeudi 24 juin, il faisait partie du jury ,nommé pour évaluer les jeux vidéos conçus par les étudiants de cinquième année de Rubika, école de la chambre de commerce spécialisée en jeux vidéo, mais aussi en cinéma d’animation et design. Au total, 23 représentants de l’univers du jeu sont invités sur le campus de Valenciennes pour noter et tester les sept projets des élèves.
Parmi eux figurent des représentants d’illustres studios comme Ubisoft, Ankama, Asobo, Gameloft ou encore Piece of Cake. «Quand on m’a proposé d’être juré, j’ai tout de suite eu envie de contribuer à l’expérience. J’aurais adoré pouvoir participer plus jeune à un challenge comme celui-ci», assure le vidéaste Cyprien Iov, de son vrai nom.
Une présentation dans le grand amphi de l’école
Dans le grand amphithéâtre situé au rez-de-chaussée, les 68 étudiants, certains avec leurs parents et le jury attendent impatiemment le lancement des hostilités ce mercredi matin. Des cris de joie retentissent une fois le premier groupe de 8 élèves convié à commencer sa présentation, en anglais. Vêtus de hauts couleur bordeaux et coiffés avec des spaghettis crus dans les cheveux, les étudiants s’avancent et introduisent leur projet sur lequel ils travaillent intensément depuis octobre: Pasta Madre.
La bande-annonce du jeu vidéo est lancée. Difficile de croire que ce ne sont que des étudiants qui ont conçu celui-ci, tant le travail semble professionnel. Le jeu nous plonge dans l’Italie des années 1960. Graziella, l’héroïne aux allures de Lara Croft de «Tomb Rider» habillée d’un tailleur et d’une cravate rouges, officie auprès du gang Del Campo qui cherche à s’enrichir le plus possible de pâtes.
Une première expérience très concrète
Après quelques minutes d’échange avec le jury, l’équipe de Pasta Madre laisse sa place à celle de Leap Shot, composé de 11 élèves. Le concept du jeu est bien différent du précédent. Dans un univers aux allures de Tron de Disney ou de «Mario Smash Bros», ce jeu vidéo interactif combine les disciplines du basketball, du football américain et du parkour. Là encore, les premières images du projet sont dignes d’un vrai jeu. «Je suis fasciné par ce que j’ai vu jusqu’à présent ce matin. Rubika est une institution dans le milieu du jeu. Les diplômés de cette école m’impressionnent. Les projets des étudiants sont si proches de la réalité, tant d’un point de vue artistique que technique», confie Matthieu Davy de Virville du studio Dontnod.
«Les projets des étudiants sont si proches de la réalité, tant d’un point de vue artistique que technique»Matthieu Davy de Virville, membre du jury
Un avis partagé par le président du jury, Sébastien Ricolfi, de Asobo Studio. «C’est la 4e année consécutive que je participe au jury. Ces étudiants touchent de près ce qui les attend dans leur vie professionnelle. Ils doivent apprendre à gérer le stress et faire des choix. C’est une première expérience très concrète. N’oublions pas qu’ils sont nos futurs collègues»
Un soulagement pour les étudiants
Une fois les présentations terminées, les yeux fatigués, les étudiants des deux premières équipes quittent l’amphi pour rejoindre leur salle de travail et faire tester leurs jeux aux professionnels. «Ça fait plaisir de voir que les gens s’amusent avec notre jeu vidéo. J’étais très stressé au moment de la présentation. Nos dernières semaines ont été compliquées, nous avons passé beaucoup de soirées ensemble. Nous sommes tous arrivés très tôt ce matin pour vérifier que tout était bien prêt», explique Stanislas, 26 ans, étudiant programmateur, à la tête du projet. Avant d’ajouter: «J’ai eu l’idée de ce jeu au lycée. Je suis content de voir qu’il se concrétise aujourd’hui, même si nous avons reçu quelques critiques au sujet de l’ergonomie, notamment.»
De l’autre côté de la pièce, l’équipe de Pasta Madre répond aussi aux questions des testeurs. «On revient de loin. Mais nous avons pris beaucoup de plaisir à faire ce jeu. Souvent, la 5e année et le projet de jeu vidéo sont la raison pour laquelle les jeunes veulent intégrer Rubika», partage avec soulagement Lila, 23 ans, étudiante en game design.
Une bonne carte de visite
Difficile de préférer un projet à l’autre tant les univers sont différents et le niveau élevé. Face à Pasta Madre et Leap Shot, les équipes de Plushies, Brume, Jivana, Live Adventure et Swift s’affrontent également. «Mais ce n’est pas vraiment une compétition. Les projets sont bien trop différents. On n’a jamais deux fois le même concept ni la même équipe. À la fin, certains prix seront remis, comme celui du jury. Toutefois, tout ne repose pas sur le jury. Le contrôle continu compte aussi», note Franck Letiec, directeur pédagogique du master jeu vidéo.
Cette ultime épreuve avant le diplôme est une bonne carte de visite pour les étudiants. «D’ailleurs, plus de trois quarts d’entre eux ont déjà signé une promesse d’embauche avant la fin de l’année», conclut Franck Letiec. Pour le quart restant, c’est évidemment l’occasion d’attirer l’attention des membres du jury employés de studios renommés. Qui sait?
Source : etudiant.lefigaro