Dr. Boguifo Joseph s’est prononcé à l’occasion sur le thème : « Les problématiques de la santé en Côte d’Ivoire ». Le Pca de l’Acpci a présenté un tableau sombre de la situation des structures privées de la santé en Côte d’Ivoire depuis près de 30 ans. Il a fait remarquer qu’à cela s’ajoute des plaines récurrentes des populations ces derniers temps sur des tarifs élevés, la qualité de l’accueil, ou les décès de femmes enceintes, dans des établissements privés. « Nous estimons que ça va trop loin », a martelé Dr. Boguifo Joseph.Si le Pca de l’Acpci a demandé que les attaques cessent contre le système de la santé, il a surtout tenu ce propos qui interpelle : « Le covid 19 a fait qu’aujourd’hui nos dépenses sont multipliées. Il faut qu’on s’assaye et qu’on pense notre système de santé, qu’on discute. l’État doit jouer son rôle. Si en 2022 rien n’est fait beaucoup de cliniques vont sortir du système du tiers payant, vont fermer, ou vont faire de la fraude. Ne nous amener pas à ça. La médecine n’est pas un commerce, ne nous obliger pas à en faire un commerce. On ne joue pas avec la santé. Que nos populations soient informées des réalités du secteur de la santé et ne s’en prennent plus au secteur privé ».
Dr. Boguifo Joseph a expliqué qu’il y a un système national de santé qui est organisé et répond à des règles précises de fonctionnement. « La santé relève des prérogatives de l’État. Il revient à l’État d’assurer la santé de tous les Ivoiriens sur tout le territoire national », a-t-il attiré l’attention. Le Pca a toutefois souligné que dans aucun pays au monde l’État ne peut lui-même assurer toute cette tâche, raison pour laquelle le secteur privé vient en appui dans un système de santé pyramidal qui commence avec les centres de santé de base, puis les hôpitaux généraux, et les Centres hospitaliers universitaires (Chu) au plus haut niveau.
Dr. Boguifo Joseph a insisté sur le fait que le secteur public et le secteur privé n’ont pas les mêmes principes. Il a ajouté que le secteur privé de la santé a ses règles et son organisation. Pour lui, il ne faut surtout pas mettre tout le monde dans le même sac. « L’État fait des efforts. On le sait. Mais il y a beaucoup à faire. Un pays qui a un système de santé faible ne peut pas se développer », a-t-il relevé.
Le conférencier a également confié que 2036 établissement privés ont été identifiés, soit plus de 51% des structures de soins en Côte d’Ivoire, dont 49% sont des structures privées lucratives. « Quand vous voyez 10 structures de santé, il y en a 7 qui sont illégales, soit 70% de structures illégales (au privé, ndlr) », a révélé le Pca de l’Acpci. Il a justifié cette situation par plusieurs raisons dont le fait que l’État ne donne plus d’autorisation d’installation depuis 2008 et la survenue de la crise postélectorale de 2010-2011.
Selon Dr. Boguifo Joseph, les tarifs des cliniques privées que les populations trouvent élevés sont dûs leurs « charges sont énormes ». Il a souligné que les cliniques privées doivent payer leurs médecins, les médicaments, et l’eau, entre autres. « Le matériel médical est taxé (lors de l’achat). Normalement ça ne devrait pas se faire », s’est indigné le Pca.
Il a aussi évoqué un point qui important pour l’Acpci. Il s’agit des décisions de 1995 et 1998 sur les coûts des prestations de santé qui ne sont toujours pas appliqués. « Les coûts n’ont jamais été appliqués », a regretté Dr. Boguifo Joseph qui a présenté plusieurs documents pour preuves.
Selon lui, malgré la pénible situation qu’elles vivent, les structures de santé privées font des sacrifices depuis toutes ces années pour accompagner l’État. « Il faut que l’État nous accompagne. Nous sommes livrés à nous-mêmes. On veut bien faire des efforts mais il ne faut pas que ce soit nous à 100% qui fassions des efforts », a souhaité le Pca de l’Acpci.
Le conférencier a signifié que des structures privées de la santé sont obligées de s’endetter jusqu’à « 10 milliards de Fcfa d’investissement » pour certaines structures. C’est pourquoi les cliniques privées préviennent que si l’État ne fait rien pour les aider, elles vont « surseoir au tiers payant », et les malades paieront pour se soigner sur place et après iront voir leurs assurances. « C’est un sacrifice permanent que le secteur privé fait. Le seul qui fait des sacrifices depuis bientôt 30 ans, c’est le secteur privé. 10 cliniques se sont faites racheter par des groupes étrangers », a énuméré Dr. Boguifo Joseph pour qui les prix que les structures privées pratiquent n’ont plus de sens. « Beaucoup de structures vivent par la fraude. La médecine, ce n’est pas un commerce. Il faut accepter de payer les coûts. Nous allons augmenter les tarifs à partir de 2022 », a prévenu le Pca de l’Acpci.
Des exigences
Dr. Boguifo Joseph a dévoilé plusieurs exigences de l’Acpci au gouvernement. Il y a notamment la signature d’un contrat avec l’État qui définira les rôles et obligations de chaque partie, ainsi que l’établissement d’un contrat entre le ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle, et les sociétés de gestion de portefeuille de la santé. Le Pca de l’Acpci a par ailleurs proposé mise en place d’une autorité de régulation du secteur de la santé, entre autres. « Nous demandons au ministère d’actualiser les textes. Notre code de santé est de 1953 », a-t-il plaidé. Dans ses recommandations, Dr. Boguifo Joseph a invité le gouvernement à poser des actes concrets pour véritablement faire de la santé est un secteur prioritaire, au-delà des mots. « Il faut qu’on trouve la formule pour faire subventionner la santé. L’État peut bien affecter des médecins payés par lui dans les établissements privés », a-t-il souhaité.
Source : Linfodrome.com