Un rapport sénatorial juge la réforme de l’accès aux études de santé «insuffisamment préparée et pas assez pilotée».
«Complexité», «manque de transparence», «objectifs mal présentés», «mauvaise acceptabilité»… Le rapport sénatorial confié à Sonia de La Provôté (Union centriste, Calvados), publié le 12 mai dernier, tance sérieusement la réforme de l’accès aux études de santé, jugée «insuffisamment préparée et pas assez pilotée», bien que reposant sur «de bons fondamentaux.»
Cette réforme, mise en œuvre à partir de l’année universitaire 2020-2021, vise à mieux organiser le système de santé en fonction des territoires. Elle a supprimé le numerus clausus ; désormais, le nombre d’étudiants sélectionnés pour la deuxième année est défini par chaque université selon les places disponibles dont elle dispose en lien avec l’Agence régionale de santé (ARS). Pour les étudiants, cette réforme a bouleversé leur formation.
Manque de transparence
Face aux carences de cette mise en œuvre «très chaotique», le rapport sénatorial exhorte à «éviter une génération sacrifiée en prenant d’urgence des mesures exceptionnelles pour les étudiants actuellement en Pass [Parcours d’accès spécifique santé] et LAS [Licence avec option accès santé]». Si le rapport admet que la crise sanitaire a compliqué la mise en place de la réforme, elle «n’explique pas toutes les difficultés». Le rapport regrette d’ailleurs «un grave manque de transparence sur le nombre de places ouvertes et sur les modalités d’évaluation».
Ainsi, les quotas qui devaient être connus fin mars 2020 n’avaient pas été rendus public par toutes les universités au moment de la rédaction de ce rapport, de sorte que «des étudiants pass[ai]ent leurs examens sans connaître leur chance de succès» d’accéder à la deuxième année. Le gouvernement a finalement annoncé la semaine dernière 16.700 places en deuxième année à la rentrée de septembre.
Sonia de La Provôté pointe, au niveau des ministères, «un manque d’anticipation et de cadrage» et «un manque d’appropriation et d’interaction» du côté des universités. S’agissant du budget, le rapport juge que la réforme n’est «pas financée à la hauteur de ses ambitions», mettant en exergue l’absence d’un plan de financement, «un manque de transparence dans l’allocation des moyens dédiés» et «la non-budgétisation des besoins de formation».
Des faits contraires à l’esprit de la réforme
La sénatrice, membre de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication, met en avant des faits selon elle «contraires à l’esprit de la réforme»: notes éliminatoires, redoublement en Pass, «absence de choix dans certaines universités de la mineure disciplinaire en Pass ou de la L.AS», «surcharge de travail», «non-adaptation des programmes» ou encore des «incertitudes sur la gestion des flux».
Face à ces problématiques, Sonia de La Provôté juge une «réponse trop tardive» du ministère de l’Enseignement supérieur face aux inquiétudes des étudiants et parents.
En vue d’améliorer la mise en place de la réforme, des recommandations sont formulées, précisant qu’il faut «dès à présent rectifier le tir afin d’éviter que les mêmes erreurs ne se reproduisent à la rentrée universitaire 2021 et dans les années à venir».
Il a donc été conseiller d’adapter les modalités de contrôle des connaissances du second semestre, attribuer de nouveau aux étudiants de Pass les places en MMOP (médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie) non pourvues par les étudiants en LAS, permettre aux étudiants de LAS 1 qui le souhaitent de ne pas candidater en MMOP dès la fin de la première année… D’autres recommandations ont trait à l’accompagnement des lycéens ou encore à l’accélération de la réflexion sur les enjeux de démographie médicale.
Source : etudiant.lefigaro