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France / Profs, parents et élèves face à la fermeture des établissements scolaires

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Principale mesure annoncée par Emmanuel Macron pour freiner l’épidémie de coronavirus, mercredi 31 mars, la fermeture des écoles, collèges et lycées entre le 5 avril et le 2 mai. La première semaine sera consacrée aux cours en distanciel, avant deux semaines de vacances unifiées et enfin une autre semaine en distanciel pour les élèves du secondaire.

Même si la mesure annoncée par Emmanuel Macron ne fait pas l’unanimité chez les parents, la plupart des enseignants attendait cette fermeture des établissements scolaires au vu de la situation sanitaire catastrophique dans certains départements du pays. Chloé, Marie et Lucas sont professeurs en Seine-Saint-Denis, un département d’Ile-de-France où la situation sanitaire est particulièrement tendue.

Depuis plusieurs jours, Lucas et ses collègues alertaient leur hiérarchie sur la propagation alarmante du Covid-19 dans leur établissement : plusieurs classes fermées, des contaminations chez les élèves et les professeurs. Alors, il a accueilli ces quatre semaines d’éloignement avec soulagement : « On s’y attendait. Depuis quelques semaines, c’était complètement inévitable. On est en train de « re-gacher » une année de scolarité à des élèves dont l’année dernière a été complétement gâchée par le virus. Depuis une semaine, on a trois classes en éviction supplémentaires tous les jours. On a des collègues qui sont toujours positifs. En fait, c’était simple, si on maintenait les écoles ouvertes, tout le monde allait être contaminé. Donc, concrètement je ne vois pas trop ce qu’on peut faire d’autre pour l’instant », commente Lucas au micro de Cédric de Oliveira.

Fatalistes

Fatalistes, la plupart des professeurs restent aussi perplexes sur la manière dont seront organisées les prochaines semaines. Chloé enseigne l’espagnol dans un collège de Seine-Saint-Denis et elle s’interroge sur l’efficacité des cours en distanciel : « Tous nos élèves n’ont pas un accès au numérique et le travail à distance, pour eux, va être très compliqué, explique-t-elle. Certains vont être lésés. Dans certaines familles, il n’y a qu’un portable pour tout le monde. Je tâcherai de leur mettre des exercices simples, de révision, parce que si je fais des classes virtuelles, je sais très bien qu’il n’y a que la moitié qui pourront se connecter et que donc, il y a une partie de la classe qui n’aura pas suivi. Et ce sera dur de reprendre avec les autres la suite du programme. » 

Pas de surprise non plus pour Marie, mais des inquiétudes. « Par contre, le problème du distanciel, c’est que l’année dernière, on a perdu énormément d’élèves, s’inquiète-t-elle. Depuis novembre, les élèves ont cours un jour sur de moi, ils sont déjà en décrochage. Il aurait fallu que le gouvernement anticipe et propose des politiques gouvernementales en faveur de l’éducation, ça nous aurait permis aujourd’hui de mettre en place un distanciel correct avec un vrai suivi d’élèves. On voit les défaillances du système éducatif, on est en plein dedans. Cela met en lumière les grosses problématiques qu’on rencontre au quotidien et la situation sanitaire ne fait qu’amplifier ça. »

Les cours débuteront dès mardi pour quelques jours avant deux semaines de vacances pour toutes les zones. Une semaine supplémentaire en distanciel sera ajoutée à la fin du mois pour les collégiens et lycéens. A priori, ils pourront ensuite retrouver physiquement leur établissement à partir du 3 mai.

Perspective difficile pour les parents

Pour les parents, même s’ils comprennent, la mesure est difficile à digérer. « Je suis dépitée, je suis dégoutée. Certes, je m’y attendais et en même temps, c’est très dur, témoigne Dorothée, une jeune mère de trois enfants âgés de 5 à 14 ans au micro de Lucie Bouteloup. La perspective de me retrouver avec toute la petite famille à la maison, j’en ai marre. En plus, je travaille à la maison depuis le début, je n’ai pas le droit au chômage partiel et là, je vais me retrouver à devoir bosser, en même temps à m’occuper des devoirs des enfants. Je ne peux pas me couper en deux. Franchement, je ne sais pas comment je vais faire et surtout, j’en ai marre. Il y a une vraie lassitude qui s’installe. Alors évidemment, il fallait faire des efforts collectifs ; évidemment, le virus circule et de toute façon, il y avait des fermetures de classes en cascade, c’est vrai, depuis la mise en place du nouveau protocole. Mais cela reste quand même très difficile. »

Dorothée s’inquiète aussi pour le retard pris. « Pour la plus grande, qui doit passer son brevet d’ici peu, déjà ils avaient fait des brevets blancs, les résultats étaient assez mauvais dans l’ensemble, mais là de toute évidence, au niveau des apprentissages, ils n’auront pas terminé le programme et il y aura de vraies lacunes à la fin de l’année. Qu’est-ce que cela va donner à l’entrée au lycée ? se désole-t-elle. Et pour la plus petite qui est en moyenne section de maternelle, c’est bien les cours à distance, mais qu’est-ce qui va leur être proposé ? En fait, c’est nous qui allons devoir toute la journée occuper les enfants avec un coup de télé, un coup de jeu et en même temps, essayer de bosser entre deux coups de téléphone.

Enfin, elle est en colère contre la modification des dates des vacances de Pâques, « cerise sur le gâteau ». Au tout dernier moment, on change les dates et je ne sais pas comment on va s’organiser. C’est dur et on est pris un peu au dépourvu. »

Des élèves un peu inquiets

Du côté des élèves, le sentiment est tout aussi mitigé. « En vrai, je suis entre deux avis, explique cette collégienne au micro de Laurence Théault. Parce que sanitairement, c’est bien parce qu’il n’y a rien qui est respecté, on mange tous ensemble et tout le temps collés. Mais d’un autre côté, je me dis que pour les élèves qui n’arrivent pas à suivre à l’école, qui n’ont pas forcément d’ordinateur ou numérique, beaucoup risquent de décrocher. »

Rester motiver, même si l’inquiétude est là. « Je sais qu’avec les demi-groupes, on a déjà pris un peu de retard. Après, il s’agit de suivre aussi en visio. Il faut s’investir, je pense que si on s’investit bien, on peut arriver à avoir un minimum de résultats. Mais il faut quand même privilégier la famille. Je sais que je vis avec ma grand-mère, il faut faire attention donc je peux comprendre [la décision de fermer les établissements scolaires], mais il faudra bien suivre en visio pour rattraper tout ça. »

La France connaît des records d’admissions dans ses services de réanimation et s’approche inexorablement du seuil des 100 000 morts du coronavirus depuis un an.

Source : Rfi

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